EDWARD'S LECTURE NOTES:
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C O U R S E 
Introduction aux éthiques philosophiques
François Dermange, University of Geneva
https://www.coursera.org/course/ethique
C O U R S E   L E C T U R E 
Une éthique des vertus pour les modernes
Notes taken on January 12, 2016 by Edward Tanguay
l'éthique d'Aristote est une philosophie de l'antiquité grecque, une éthique concernant une vie qui est loin de la nôtre
est-ce que cela signifie que l'éthique des vertus qu'il avait formulée ne peut plus nous concerner?
qu'elle est une affaire d'historiens, et qu'il n'est plus question de la vivre au présent?
il est clair que l'on ne peut plus vivre comme du temps d'Aristote
il y a une adaptation possible, dans les conditions de notre monde, de l'éthique des vertus
les obstacles:
1. la notion d'obligation, de devoir
à l'éthique chez les modernes, il y a en toile de fond la notion de devoir
le moraliste traite de la science du devoir
mais la vie morale est distinguée du bonheur
au contraire, il peux arriver que l'attitude éthique, dans une situation donnée, nous contraigne à être malheureux
veut-on une preuve qu'il arrive qu'on ne puisse être heureux en étant moral
l'exemple typique de calomniateur d'Anne Boleyn
Kant l'avait pris comme exemple dans sa critique de la raison pratique
Henri VIII voulait se débarrasser d'une de ses épouses, en l'occurrence Anne Boleyn, la deuxième, et il voulait trouver un moyen de la faire condamner à mort
il cherche à susciter des calomniateurs
il propose à un artisan qui travaille pour la Cour de dire des mensonges
pour cela il voulait payer d'un très bon prix
l'artisan refuse
on approuvera cette attitude en disant que c'est un homme digne, qui ne se laisse pas corrompre
mais maintenant voici une autre étape
on n'en est plus à lui offrir quelque chose
on en est à commencer à le menacer
à le menacer par exemple de cesser toute commande pour son commerce
l'homme reste stoïque et dit qu'il ne mentira pas pour cela
on commence à dire c'est un homme qui se conduit moralement même quand cela coûte
on dit maintenant que, on va le calomnier, salir sa réputation, et comme il résiste toujours le Pouvoir va encore plus loin, et dit que sa famille, qu'il aime, sa femme, ses enfants, pourraient avoir un accident
là on aura l'exemple d'une moralité tenue exemplairement, jusqu'au bout, une conduite éthique droite, et qui a pour conséquence d'être malheureux, ou d'être amené à être malheureux
conclusion de cet exemple, demeurer moral dans ce cas, c'est bien obéir à une exigence, à un devoir, mais qui fait votre malheur
la conduite morale peut donc être dissociée du bonheur
l'obéissance à l'obligation ne fait pas nécessairement le malheur, mais elle peut l'entraîner
quelles sont les conséquences
la conséquence première c'est que, pour un moderne, qui adopte une morale de type déontologique, la moralité ne peut pas être articulée à la recherche du bonheur comme à une condition nécessaire, ou comme à un principe
dans l'éthique aristotélicienne
l'exercice des vertus conduit à accomplir les plus belles potentialités que comporte ma nature d'être humain et me rend heureux
être éthique, ce n'est pas obéir à une obligation, à une loi, c'est se réaliser soi-même
il n'était pas évident de pouvoir réintroduire cette idée d'excellence des vertus chez les modernes
2. le deuxième obstacle: le christianisme
le christianisme a habitué nos esprits, depuis très longtemps, à considérer deux choses
1. la corruption de l'esprit humain par le péché
la nature, en nous, a été rendue mauvaise du fait d'une mauvaise inclination de la volonté humaine, inclination mauvaise qui a tout corrompu
et seule la grâce de Dieu, qui dépend de la foi, ou d'un don gratuit de Dieu, et non pas de la pratique morale, peut changer les choses
2. la perspective du bonheur doit être repoussée au-delà de cette vie
en deçà de cette vie, elle dépend, cette perspective du bonheur, elle dépend de circonstances qui nous échappent tout à fait
au livre de l'Ancien Testament, qui s'intitule le livre de Job
dans le livre de Job, Job qui est un homme juste, et sur lequel le malheur s'abat, et Job n'y comprend rien
il a fait tout ce qu'il fallait, il a été un homme bon, il a été un homme juste, et le malheur s'abat sur lui
il est impossible de comprendre, d'un point de vue humain, l'intention de Dieu dans tout cela
pour les Grecs
l'idée que la nature serait mauvaise, ou devenue mauvaise, et de même l'idée que le bonheur doive être, qu'on doive consentir à ce que le bonheur ne soit promis qu'au-delà de cette vie, pour les Grecs c'est une absurdité
comme le rappelle Sénèque, en parlant des épicuriens, la nature est très aimante pour nous
les hommes peuvent commettre des erreurs ou des fautes, essentiellement par ignorance, ou par un désordre de leurs affections
ils peuvent dans certaines circonstances, de déséquilibres sociaux ou politiques, ils peuvent conduire la cité n'importe comment, mais cela ne remet pas en cause la bonté foncière de la nature
les hommes s'en éloignent simplement, un moment, par passion, mais il suffirait de retrouver la nature pour que l'équilibre revienne
les grands philosophes, Platon, Aristote, présentent des modèles de constitution de la cité qui sont conformes à la nature des êtres et des choses, et qui sont harmonieux
Platon aussi bien qu'Aristote sont d'accord pour dire que le modèle est la nature, et que le bon gouvernement est inscrit dans la nature des choses
pour les modernes, il y a au moins deux obstacles considérables pour une reprise de l'éthique des vertus:
1. la notion de devoir, de loi impérative, d'obligation impérative
2. la notion de péché, et la notion de bonheur pour l'au-delà, portées par le christianisme